Oh, ce que tu t’apprêtes à lire ne va pas t’emmener aussi loin qu’Indiana Jones, aussi vite que Rasta Rockett ni aussi profond que Rocco Siffredi, mais les histoires qui vont suivre sont (presque) entièrement véridiques et elles en ont fait marrer plus d’un. Ooooh oui.

Au fond, au départ de ces récits il ne s’agit de rien de plus que de deux cons qui ont toujours au moins une idée de con pour qu’une situation devienne une nouvelle histoire à la con à raconter mais ça a déjà donné quelques récits pleins d’action (pas toujours intelligente), de suspense (pas toujours insoutenable), de romantisme (parce qu’il n’y a pas que le cul dans la vie, il y a le sexe aussi), de réflexion (pas toujours à jeun) et de prouesses sexuelles (jamais ensemble et parfois seuls) qui ont enjoué bon nombre d’amis venus faire la fête avec eux dans leur coloc’ ou leur soirées.

Alors bien sûr rien ne vaut la place de ces amis, assis sur un canap’ de récup’ déjà à moitié à la jaille, avec une choppe de whisky à la main et dans les oreilles le son des Doors, craché par une stéréo fatiguée qui bloque après une chanson ou deux, quand John-John saisit un marteau pour changer de piste et que John Bigs se lance dans le récit d’une de ces épopées. Puis une autre. Puis une autre, jusqu’à ce que les premières personnes usées par le rire le provoquent au Cap’s. Malgré l’apparence, la routine n’avait que peu de place dans ce repère : elle n’avait que celle qu’on lui donnait, celle qu’on choisissait, celle de se marrer à chaque soirée ! Alors pose-toi dans un vieux canap’, remplis-toi un vase de whisky (ou d’Oasis si t’es une petite fiotte) et profite des aventures… de John & John !

lundi 5 janvier 2015

Au commencement était... le début!

     Bon, puisqu’il y aurait autant de façons de commencer ce recueil qu’il y aurait d’histoires à mettre dedans, pourquoi ne pas commencer par le commencement ? Bah, quelle que soit ta réponse de toute façon c'est un peu tard alors on va faire comme si on était tous d'accord!

     Il y a fort longtemps, dans une galaxie lointaine du nom de Collège Manon Rolland, à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, en Pays de la Loire, en France, en Europe, sur Terre, étaient amenés à se côtoyer des gens de diverses origines et de diverses éducations sans pour autant que tout le monde ne soit divisé en clans comme Drogués/Sportifs/Racailles/Intellos à lunettes/Fils de la Principale Mollion/etc… Nan, ça, ça apparaîtrait plutôt au lycée. Alors en attendant, les récrés se passaient pour tout le monde dans la petite cour où les seuls aménagements tenaient en une flopée d’arbres, quelques bancs et deux tables de ping-pong en béton.

     Comme pour écouter les adultes qui leur serinaient que « autrefois on savait s’amuser avec un rien », certains élèves se sont mis à développer une imagination débordante en créant de ces quelques artefacts un terrain de jeu… pas toujours équitable :

- Personne ne voulait par exemple subir le « coup de l’arbre » mais ce n’était pas une option : on ne réalisait qu'on était choisi que quand on était soulevé par les bras et les jambes par quatre bourrins et qu’on se faisait emmener au trot, dos au sol, cuisses écartées, les bouliches en direction de l’arbre le plus proche. Ouch. Ça ne m’étonnerait pas que certains d’entre nous aient encore de l’écorce dans les bourses. D'ailleurs moi-même... mais c'est une autre histoire.

- Quant aux bancs, sur lesquels on tenait assis à cinq, ils posaient un problème mathématique quand on se retrouvait en groupe de six. Problème qui se réglait rapidement par le Fouet. Le dernier arrivé, n’ayant pas de place pour s’asseoir, allait chercher une branche dans les buissons pour fouetter le dos de ceux qui étaient arrivés les premiers. Celui qui ne supportait plus la douleur et n’arrivait plus à faire semblant de discuter tranquillement devait alors se lever et échanger sa place avec le fouetteur, le perdant étant celui qui se tenait debout à la sonnerie de fin de récré…

- Si tu as suivi mon raisonnement tu sais qu’il ne me reste à parler que des deux pauvres tables de Ping-pong en béton sur lesquels jouaient quelques dizaines d’acharnés. Et sur lesquelles ceux qui ne voulaient pas jouer montaient pour essayer d’écraser les balles que les sixièmes avaient achetées avec leur argent de poche. Âge ingrat que celui-là !

     C’est là que les John et John, loin de se douter qu’ils deviendraient assez proches pour sceller leur amitié en buvant chacun une grenouille dans une choppe de Manzana (mais ça, c’est une autre histoire), se sont parlé les premières fois. S’ils avaient été deux banals élèves de sixième la conversation se serait résumée à « tu veux jouer ? » ou à « c’est ton tour ! », mais on se serait fait chier comme des rats morts et je ne serais pas en train d’écrire les conneries de ces deux dégénérés. Nan, en fait il y eut moins de mots que de gestes puisque John Bigs passait sans se lasser des récrés entières à prendre les cercles du motif de l’arrière du blouson de John John pour cible et à y jeter des cailloux.
     La légende veut que des années plus tard, interrogé sur sa conduite puérile, il justifia sa conduite par les mots : « mais quelle idée aussi d’avoir une cible dans le dos ! »…





     Les deux premières années de collège se passèrent tant bien que mal avant que nos deux compères ne se retrouvent dans la même classe de quatrième, dans le même cercle de potes… et que ça fonctionne ! Enfin, les premières semaines, en tout cas. Ensuite est venue la mode de s’allier à un complice pour faire tomber quelqu’un. Cette autre invention digne d’un prix Nobel de Récréation se déroulait ainsi : un élève se calait à quatre pattes derrière la victime avant que le complice la pousse en arrière. Oui, oh, on s’amusait avec le peu qu’on avait, hein ! Mais le jour où Bigs fit tomber John par-dessus Alex, la pilule passa moins bien que tous les cailloux qui avaient rebondi sur son blouson puisqu’il s’est relevé, a choppé Bigs au cou, l’a fait tourner jusqu’à l’étourdir et l’a fait tomber par terre. De toutes les techniques ancestrales de combat et d’arts-martiaux observées dans les centaines de films de Van Damme, Bruce Lee, Mel Gibson, Bruce Willis et autres Jackie Chan vus par John-John, c’est la technique du pouce-indien utilisée par Mimi-Siku dans Un Indien dans la ville qu’il avait retenue.

     Deux ados, des cailloux dans le dos, des prises de Judo qui n’existent pas dans la vraie vie, si on regarde bien c’était plutôt mal barré. Et quand Bigs fait la gueule ça peut durer assez longtemps pour qu’il ne se rappelle même plus pourquoi. Après s’être retrouvé par terre dans la cour devant tout le monde, il a fait la gueule comme lui seul sait le faire : pas un mot, pas un geste, pas un regard, mais en continuant à fréquenter les mêmes potes qu’il avait en commun avec John-John. Royal. Du grand art. La légende dit que la situation a duré comme ça pendant plus de cinquante ans pendant lesquels John-John tendait la main tous les matins dans le vent, gardait du rabe de frites le midi pour rien, recopiait des codes de jeux vidéo dans les magazines pour les donner en gage de paix… sans résultat aucun. Mais la légende se goure, car le petit Grignotte avait invité ses amis à sa boum d’anniversaire et il tenait à TOUS les voir, malgré le conflit qui continuait de durer sans cesser de ne pas s’arrêter. Et comme la réponse de chacun des intéressés était « je viens, sauf si il vient », il a dû sacrément bien négocier pour que les deux se pointent et se retrouvent dans une même pièce sans y être obligés par le règlement du collège…

     L’appréhension des premiers instants de la fête s’étant dissipée, les garçons et les filles qui se connaissaient pourtant bien se mélangèrent enfin et commencèrent à s’amuser, à danser et à rire sur les tubes de l’époque (Lou Bega, Manau, Gala, Ace of Base, Ricky Martin… Et ouais mon pote ! La grande époque !). Chacun y allait de son morceau préféré quand nos deux John se retrouvèrent soudain à genoux l’un à côté de l’autre devant la chaîne stéréo à choisir le même disque… avec pour la première fois depuis des lustres un sourire en coin et un regard complice. Ça commençait !..


     … Dix ans après avoir choisi Sunday Bloody Sunday sur ce CD deux titres, c’est sans même s’en rendre compte que les deux anciens collégiens, devenus amis, complices et collocs, le jouaient ensemble à la guitare. Sans pour autant être devenus moins débiles, comme le prouveront chacune des histoires recueillies ici !