Oh, ce que tu t’apprêtes à lire ne va pas t’emmener aussi loin qu’Indiana Jones, aussi vite que Rasta Rockett ni aussi profond que Rocco Siffredi, mais les histoires qui vont suivre sont (presque) entièrement véridiques et elles en ont fait marrer plus d’un. Ooooh oui.

Au fond, au départ de ces récits il ne s’agit de rien de plus que de deux cons qui ont toujours au moins une idée de con pour qu’une situation devienne une nouvelle histoire à la con à raconter mais ça a déjà donné quelques récits pleins d’action (pas toujours intelligente), de suspense (pas toujours insoutenable), de romantisme (parce qu’il n’y a pas que le cul dans la vie, il y a le sexe aussi), de réflexion (pas toujours à jeun) et de prouesses sexuelles (jamais ensemble et parfois seuls) qui ont enjoué bon nombre d’amis venus faire la fête avec eux dans leur coloc’ ou leur soirées.

Alors bien sûr rien ne vaut la place de ces amis, assis sur un canap’ de récup’ déjà à moitié à la jaille, avec une choppe de whisky à la main et dans les oreilles le son des Doors, craché par une stéréo fatiguée qui bloque après une chanson ou deux, quand John-John saisit un marteau pour changer de piste et que John Bigs se lance dans le récit d’une de ces épopées. Puis une autre. Puis une autre, jusqu’à ce que les premières personnes usées par le rire le provoquent au Cap’s. Malgré l’apparence, la routine n’avait que peu de place dans ce repère : elle n’avait que celle qu’on lui donnait, celle qu’on choisissait, celle de se marrer à chaque soirée ! Alors pose-toi dans un vieux canap’, remplis-toi un vase de whisky (ou d’Oasis si t’es une petite fiotte) et profite des aventures… de John & John !

lundi 20 avril 2015

Comment être bonne poire et garder les yeux ouverts pour avoir des poires à l’œil.

     Contrairement à ce qu’on peut penser, peut-être que l’amitié, la vraie, n’est pas une question de confiance absolue. Peut-être qu’il n’est après tout question que de connaître son ami assez bien pour savoir où doit s’arrêter la confiance qu’on lui porte. Bien sûr, ça, c’est pour les grands discours philosophiques pour lesquels on te donne quatre heures le jour du BAC parce que quand cet ami t’envoie une poire en pleine gueule t’aimerais bien avoir quatre heures pour réagir !

     La mère et le beau-père de John Bigs, Carole et Jean-Paul, avaient après de nombreux déménagements atterri à Chaillevette, bled paumé dans la campagne de Charente-Maritime où leur maison et le terrain qui l’entourait était devenu un lieu idéal pour les John et John. Idéal pour les beuveries monumentales où l’un sauvait la vie de son pote grâce à une tranche de brioche et où l’autre dessinait en tondant la pelouse de gigantesques bites en pâquerettes visibles par tous les touristes emmenés en hélicoptère (mais ça, ce sont d’autres histoires !).





     C’était avant tout un lieu idéal pour se reposer en partant ou en revenant de vacances dans le sud (parce que oui, depuis le temps qu’on s’en étonne, autant l’admettre : les vacances, ça crève !) ; pour accueillir encore plus de monde à boire et à festoyer que dans leur coloc’ ; pour venir rigoler le temps d’un week-end prolongé ; ou simplement pour se retrouver au calme, s’asseoir sur le toit et regarder les étoiles en refaisant le monde. Un lieu aussi où John Bigs se sentait libre de faire encore plus le con que d’habitude et repoussait ses limites _déjà difficiles à apercevoir_ pour le plus grand bonheur de ses sœurs et de John-John (et de ses parents aussi, bien qu’ils n’aient pas dû l’avouer souvent) !

     Une fois positionné ton esprit en mode no-limit, justement, tu ne te poseras plus la question de savoir comment peut commencer une bataille de fruits. Tout ce qu’il te faut savoir c’est que quand ils arrivaient là-bas, après les quelques minutes nécessaires à John Bigs pour dire bonjour à la famille et poser son slip et sa guitare, tout pouvait arriver. Ce jour-là se sont donc retrouvés ses deux sœurs Jul’ et Boubou, ses potos Julien et John-John et lui à se balancer à travers le jardin des pommes et des poires tombées des arbres… Seulement ses sœurs, comme lui, ne sont jamais à court d’idées pour ce qui est de faire de la merde et il aura suffi de deux essais à Juliette pour se tailler avec une solide tige de bambou un formidable lance-poire lui permettant d’envoyer des fruits durs comme sa tête si vite qu’ils explosaient (littéralement) contre un mur pourtant situé à 30 mètres d’elle…

     A la vue d’une telle arme chacun s’était alors taillé une tige qu’il plantait dans le fruit pour ensuite le projeter sur ses adversaires à une quinzaine de mètres de là (sans pour autant réussir à bien viser très souvent). Quand les fruits (entiers) vinrent à manquer, la bataille était finie, mais pas la connerie !

     Un moment après le « cessez-le-feu », John-John revenait de la voiture avec sa guitare sur le dos pour la ranger dans la maison quand quelque chose attira son attention : c’était John Bigs qui, s’étant approché à deux mètres de lui, tenait en joue son bambou armé d’une poire plus dure que sa bite (et ce n’est pas peu dire, mais ça, c’est une autre histoire) :

« Eh, regarde John, je sais viser maintenant !
- C’est ça, ouais ! Arrête, John, tu sais bien comment ça va fi… »

PAF !

La poire avait volé trop vite pour que John-John finisse sa phrase ; la seconde suivante sa guitare était tombée à terre et lui se tenait à genou dans l’herbe, les mains appuyées contre son œil pour ne pas qu’il tombe aussi, complètement sonné, incapable de bouger si ce n’est pour se rouler sur la pelouse dans un profond gémissement de douleur.
         
     Difficile de dire qui de John ou des morceaux de poire avait touché le sol en premier. Bigs lui-même ne savait plus s’il devait rire de sa prouesse ou essayer d’aider son pote à se relever ! Ils firent finalement les deux :

« Putain, John, je suis désolé ! Ça va ? Au moins maintenant tu sais ce que ça fait de se prendre une poire !
- Oh, si tu crois que t’es marrant, tu te mets le doigt dans l’œil ! »

… Et c’était parti pour un après-midi de jeux de mots pourris.

     La vue de John mis un moment avant de revenir. Et d’abord d’un seul côté (la légende veut que de l’autre côté ça ait mis plus de cinquante ans à revenir, mais on n’en sait rien parce qu’ils n’ont pas encore cet âge-là)... Tandis qu’il s’appliquait à suivre les conseils de Jean-Paul en s’asseyant pour garder de la glace appuyée autour de l’œil percuté, il essayait, de l’autre, de regarder un film. De profil. Aveuglé. Déconcentré par les vannes de Bigs qui aurait mieux fait d’aller s’entraîner à viser. Bientôt Carole revint de la pharmacie du village avec une pommade dans la main et un large sourire qu’elle n’arrivait visiblement pas à dissimuler :


« Quand le pharmacien m’a demandé ce qui s’était passé je lui ai dit que mes gamins jouaient à se lancer des fruits dans le jardin et que ça a mal fini… Alors il m’a demandé quel âge avaient mes enfants et tout le monde a rigolé quand j’ai répondu qu’ils avaient 25 ans ! ».

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